En Irlande, un matin semblable à tous les autres : immuable et terrible. Ce ciel rouge sang, qui succède à la nuit et au repos, augure ce qui va arriver à Coll Coyle le métayer. La tension monte dès les premières pages. Confronté à la cruelle indifférence du propriétaire des terres sur lesquelles il travaille, le métayer ne compte pas se laisser faire. A la violence répond la violence : le premier meurt, le second fuit. La machine est lancée, et elle va devenir folle : Coyle tente tant bien que mal de cacher le corps, mais c’est sans compter sur ce foutu chien, fidèle à son maître refroidi.

Coyle n’est pas habitué à tout ça. Il connait le sang, mais pas celui des hommes. Ce qu’il voulait, c’était vivre paisiblement avec sa femme et sa fille, dans son pays tourbeux. Le mécanisme s’emballe : Faller, l’homme de main du propriétaire, entreprend une véritable chasse à l’homme.

Les paysages se dévoilent progressivement, aussi sublimes, âpres et brutaux que les personnages. Tel un héros homérique, Coll Coyle semble se battre contre des dieux qui ont déjà scellé son sort. Mais peu importe, le voyage est déjà en soi une victoire. Sa femme et sa fille, dans ses rêves et ses délires, sont présentes tout au long de son « initiation ». Seul le ruban blanc de sa fille, qu’il a conservé, lui rappelle leur existence. Faller, c’est la mort. On ne sait même pas comment il est arrivé en Amérique. Peu importe, il est là, immuable, comme le ciel rouge du matin.

Certains diront qu’il s’agit d’un beau western, à la Sergio Leone. D’autres, plus jeunes peut-être, penseront à Tarantino, ou encore aux frères Cohen. Quoi qu’il en soit, Paul Lynch crée un univers riche grâce à sa prose imagée, au lyrisme contenu de son écriture et à sa plume implacable.

: Un ciel rouge, le matin
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