Je suis romancier.
J'invente des histoires. Des intrigues.
Des personnages. Et, j'espère, une langue.
Pour dire et questionner le monde, l'humain.
Il m'est arrivé une mésaventure, devenue une tuile pour le romancier qui partage ma vie : je me suis trouvé un soir parisien de novembre au mauvais endroit au mauvais moment; donc lui aussi.
Erwan Larher écrit à la main, ce qui lui laisse peu de temps pour faire autre chose de sa vie.
Erwan Larher est écrivain et s’est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment le 13 novembre 2015. Il était venu écouter du rock et passer une bonne soirée au Bataclan quand il fut touché par balle dans les fesses. Il s’en est sorti avec le statut de rescapé après 3 semaines d’hospitalisation et quelques séquelles. Aussi il trouve qu’il n’a aucune légitimité pour raconter l’évènement mais sous la pression de ses proches il va le faire d’une manière très littéraire. C’est un romancier pas un chroniqueur. Il nous livre ses émotions, ses peurs, sa douleur dans l’instant. Il va aussi donner la parole à 15 personnes de son entourage qui vont relater l’évènement tel qu’ils l’ont appréhendé, ressenti, vécu. Et tous ces témoignages donnent une force au récit. On vit l’évènement autant de l’intérieur que de l’extérieur avec beaucoup d’intensité, de réalisme mais sans pathos. Ce livre est truffé d’humour malgré la tragédie. A travers ce livre Erwan Larher rend hommage au dévouement des pompiers et du personnel soignant des hôpitaux. Il fustige les journalistes des télévisions et les réseaux sociaux sur la manière de traiter, d’exploiter l’évènement.
Ce livre m’a ému. Il est impartial et lucide. Ce 13 novembre nous cherchions notre plus jeune fils qui travaillait à côté du Bataclan, fan de métal et dont nous n’avons eu des nouvelles que le lendemain à midi.
Ce livre fait partie de la sélection 2018 de « La voix des lecteurs » de la Nouvelle Aquitaine et je l’ai donné 1er de la sélection.
Martine D. de Landrais